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Chroniques d'une évasion littéraire
Essais > Écologie
N O U V E A U T O U R D U M O N D E D ' U N É C O L O G I S T E
Jean-Marie Pelt - 2005
Fayard - 273 pages
17/20
La vision d'un botaniste sur l'état de notre planète à travers des exemples bien choisis
Jean-Marie Pelt, botaniste, nous livre un essai très intéressant sur l'état de notre planète.
S'appuyant sur des exemples bien précis, il nous montre à quel point l'action de l'homme sur les équilibres naturels a une action néfaste.
Le voyage commence par Tenerife, cette île des Canaries qui représente, d'après l'auteur, une Terre miniature par la diversité de sa flore et de ses paysages. Selon lui, un visiteur pressé sur notre planète pourrait se contenter de visiter Tenerife !
La lecture de ce livre nous apprend également la différence entre la forêt et la prairie, deux types d'écosystème que l'homme a su adapter pour obtenir une rentabilité maximale à ses besoins.
Après un panorama de quelques catastrophes écologiques et la preuve de la responsabilité de l'homme dans leur déclenchement (exemple de l'île d'Haïti où le défrichement des terres a provoqué de terribles inondations), Jean-Marie Pelt nous invite au Bhoutan, ce petit pays coincé entre l'Inde et la Chine. Contrairement à ses deux voisins tournés vers le « modèle » américain, le Bhoutan privilégie le bien-être de ses habitants en tentant d'augmenter le « Bonheur National Brut » et non le « Produit National Brut » ! S'appuyant sur la religion du bouddhisme, ce petit pays riche d'un environnement naturel extraordinaire fait du développement durable une priorité quotidienne et devrait devenir le modèle de tous les pays riches.
L E S C H E M I N S D E T R A V E R S E
Nicolas Hulot - 1989
JC Lattès - 261 pages
16/20
Où Nicolas Hulot raconte les drames de sa jeunesse
Dans ce premier livre, Nicolas Hulot nous livre beaucoup de secrets en relatant les événements qui l'on conduit vers cette soif permanente d'aventures et de découvertes.
Fils d'une famille bourgeoise, Nicolas a perdu son père (d'un cancer) pendant son adolescence. À dix-huit ans, le soir du réveillon de Noël, il découvrira son frère, mort par suicide, enroulé dans un tapis dans la cave sombre de l'immeuble. Et, alors qu'il était tout jeune trentenaire, il verra partir sa mère elle aussi d'un cancer.
Beaucoup de tragédies qui lui ouvriront les yeux sur la nécessité de vivre. Une volonté également de retrouver un peu les traces de son père, ancien chercheur d'or et ami du célèbre « Papillon ». Un désir fort de couper les ponts avec la famille de sa mère qu'il surnomme les « Loden-Lacoste », constituée de personnages aimant l'argent, la gloire, le paraître.
Nicolas Hulot nous raconte ainsi ses premiers pas dans le monde du journalisme en tant que photo reporter pour l'agence de presse Sipa. Puis, viennent la découverte de l'Afrique Australe, les premiers grands voyages qui vont devenir une drogue, les défis sportifs qu'il fera vivre en direct sur l'antenne de France Inter, le Paris-Dakar, le ralliement du Pôle Nord en ULM avec le parrainage de Paul-Emile Victor, ...
É T A T S D ' Â M E
Nicolas Hulot - 1991
Le Livre de Poche - 412 pages
17/20
Voyage d'un bout à l'autre de la planète
En un nombre impressionnant de cours chapitres, Nicolas Hulot nous livre des tranches de vie au quotidien. De Nairobi au Costa Rica, en passant par le Québec ou la Bretagne, il nous fait voyager autour du monde. Ses réflexions concernent beaucoup de sujets, certains graves, d'autres plus légers. Il nous parle de la protection de la nature bien sûr mais aussi de la guerre et plus généralement de la bêtise humaine sous toutes ses formes. Il nous raconte ses peurs, ses joies, ses réussites et ses échecs.
Sa vie aventureuse nous fait vite rêver mais l'homme sait rester humble et garder un il critique sur ses rencontres et ses expériences. Comme toujours de sa part, un livre très prenant...
Q U E S T I O N S D E N A T U R E
Nicolas Hulot - 1995
Pocket - 273 pages
16/20
Sages réflexions sur notre planète
Un bouquin pour ceux qui s'émerveillent des trésors de la nature.
Les livres de Nicolas Hulot comportent souvent de petites citations qui font réfléchir. Ainsi, sur la frustration que l'homme rencontre à tout vouloir connaître, Paul-Emile Victor aimait dire : « La connaissance, quelques lacunes dans l'ignorance... » Ou bien encore, ces mots prononcés par le chef sioux Flying Hawk : « L'homme blanc construit une grande maison, qui coûte beaucoup d'argent, ressemble à une grande cage, ne laisse pas entrer le soleil et ne peut être déplacée ; elle est toujours malsaine. Les Indiens et les animaux savent mieux vivre que l'homme blanc ; personne ne peut être en bonne santé sans avoir en permanence de l'air frais, du soleil, de la bonne eau. Si le Grand Esprit avait voulu que les hommes restassent dans un endroit, il aurait fait le monde immobile ; L'homme blanc n'obéit pas au Grand Esprit. Voilà pourquoi les Indiens ne peuvent être d'accord avec lui. »
Le baroudeur Hulot justifie aussi son aversion pour la chasse lorsqu'elle est source de plaisir : « Trop de regards animaux se sont reflétés dans mes propres yeux et ont imprégné à jamais mes pensées pour que je reste étranger à leur sort. »
À M E S R I S Q U E S E T P L A I S I R S
Nicolas Hulot - 1998
Plon - 243 pages
17/20
Les coulisses des années Ushuaïa
Nicolas Hulot revient en arrière sur ses années à la tête de l'émission culte Ushuaïa. Il nous raconte un tas d'anecdotes, de cascades qui paraissent improbables, de la sécurité sur les lieux de tournage, de certaines situations vraiment difficiles, du rythme de vie effréné car naviguant sans cesse entre les pays les plus reculés de la planète.
Il nous parle également de l'époque de la création de sa Fondation. Chirac, qui, à sa grande surprise, l'appelle un beau jour souhaitant le rencontrer. Ou bien encore son entretien avec Rocard (qui avait reconduit le traité de l'Antarctique dont tout le monde se fichait) qui allie selon lui « la simplicité, l'humilité et l'intelligence ». Il aborde aussi une question épineuse pour beaucoup de ses détracteurs : les soutiens de sa Fondation que sont les grands groupes Rhône-Poulenc, L'Oréal, EDF, ... Selon lui, il faut choisir la voie diplomatique car ces industriels ne sont-ils pas « les mieux placés pour trouver des solutions aux problèmes qu'ils ont générés » ?
Le livre se termine par l'évocation, sur plusieurs chapitres, de la formidable aventure Okavango. Le but recherché était, après avoir survolé la planète dans l'émission phare précédente, de se consacrer à un continent précis et d'approfondir sa découverte ainsi que, pour Nicolas Hulot, de se construire enfin une vie plus sédentaire.
Un livre croustillant pour les inconditionnels de l'écologiste.
[Critique publiée le 14/10/07]
P O U R Q U E L A T E R R E R E S T E H U M A I N E
Nicolas Hulot / Robert Barbault / Dominique Bourg - 1999
Seuil - 171 pages
16/20
Petit précis d'écologie
Trois voix unies pour dénoncer la destruction de la nature par l'homme. Un livre simple qui aborde de grands sujets d'écologie de façon claire.
On y apprend par exemple que les forêts tropicales occupent actuellement 7% de la surface des terres et rassemblent à elles seules la moitié de la diversité génétique !
Les auteurs abordent également le sujet des OGM et montrent les limites actuelles de cette forme d'agriculture agressive envers la culture biologique par exemple. C'est l'un des exemples où le principe de précaution n'est pas appliqué.
G R A I N E S D E P O S S I B L E S
Nicolas Hulot / Pierre Rabhi - 2005
Calmann Lévy - 283 pages
18/20
Un dialogue qui donne espoir
Ce livre retrace l'échange passionnant entre le journaliste bien connu Nicolas Hulot et Pierre Rabhi, défenseur de l'agroécologie et penseur français auteur de nombreux livres.
Issus d'univers totalement différents et ayant suivi des parcours à l'opposé l'un de l'autre, les deux hommes se rejoignent pourtant sur leur façon d'appréhender la vie aujourd'hui. Leur longue discussion s'articule en différents chapitres qui abordent autant de thèmes variés avec un accent particulier apporté tout de même aux sujets de l'agriculture, de l'Afrique et de la consommation.
Pierre Rabhi n'a de cesse de défendre le métier de paysan au sens le plus noble du terme : l'amour de la terre nourricière, le respect des cycles de la vie, l'éloge de la lenteur. L'agriculture intensive telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui par beaucoup va à l'encontre de cette sensibilité et met carrément en danger la vie de l'homme.
En 1962 déjà, une scientifique américaine mandatée par le gouvernement Kennedy, dénonçait les risques énormes liés à l'utilisation massive du DDT (un pesticide). Aujourd'hui, les conséquences dites « CMR » (cancérogènes, mutagènes et repro-toxiques) de notre mode d'alimentation sont de plus en plus visibles malgré les illères des grands dirigeants.
Actuellement, sur cent mille molécules chimiques commercialisées, cinq mille sont évaluées sur le plan toxicologique et environ une centaine le sont sur leurs conséquences à provoquer des cancers. Dans quasiment tous les cas, seule la toxicité immédiate est étudiée.
Sur le sujet de la consommation, les deux auteurs fustigent le rôle de la publicité qui joue sur la frustration de l'être humain en le maintenant en permanence dans l'illusion du manque au sein même de l'abondance de biens. Ainsi, aujourd'hui, 80% des produits vendus sont jetés après une seule utilisation. Évidemment tout est lié et des études ont montré qu'il était possible de réduire par quatre ou cinq la consommation d'énergie simplement en consommant mieux nos produits et en organisant de nouvelles filières, moins gourmandes sur les plans écologique et énergétique.
Hulot et Rabhi nous invitent aussi à repenser notre alimentation par ce constat simple : un buf doit manger dix kilogrammes de céréales pour produire un kilogramme de viande. Parallèlement, c'est plus de la moitié des surfaces agricoles dans le monde qui sont mises à profit pour produire des céréales à destination du bétail. Connaissant le problème de la faim dans certains pays, manger de la viande dans nos pays riches devient un luxe plus qu'une nécessité.
Cet essai répond à de nombreuses questions toutes plus passionnantes les unes que les autres. Ainsi, doit-on s'inquiéter de la disparition annoncée des éléphants au Congo et au Gabon ? Evidemment, car ceux-ci jouent un rôle primordial dans la dispersion des graines des principaux arbres de la forêt tropicale. Et maintenir en vie la forêt, c'est maintenir en vie l'homme qui en dépend.
Toutes les espèces animales, végétales et même minérales ont leur place dans l'écosystème planétaire. Jouer avec leur existence comme le fait souvent l'homme de façon brutale amènera des menaces fatales.
En 1997, Nature a démontré que la valeur économique des services écologiques rendus par l'environnement était largement supérieure à la valeur de l'ensemble de l'économie humaine.
Concernant la religion, l'Église est la grande absente de ce combat. Depuis St François d'Assise, aucun message n'a été lancé pour favoriser la protection de l'environnement. Dans les Evangiles, aucun précepte formel n'est évoqué contre la cruauté envers les animaux. Pire, ils auraient même été créés pour l'utilité ou le plaisir de l'homme. Notre retard écologique est certainement lié en partie à cet héritage de concepts religieux ambigus.
Enfin, la trajectoire dramatique de l'Afrique est évoquée. Ce continent, dépositaire de techniques agricoles ancestrales, a subi de plein fouet les effets nocifs du colonialisme. Les notions d'argent, de commerce et de rendement ont été apportées par des agronomes qui ont rendu dépendants les paysans africains aux engrais et pesticides. Distribués gratuitement au début au sein de coopératives, ces produits sont rapidement devenus payants. Pour de pauvres cultivateurs africains, une avance sur récolte a été nécessaire pour payer ces nouveaux frais. Cela a signé le début d'un long processus d'endettement avec des produits aux prix indexés sur le cours du dollar américain.
L'autre erreur des États colonisateurs a été de découper de manière arbitraire le continent qui s'était naturellement organisé en strates horizontales selon les différents biotopes liés aux zones climatiques. Des pays, comme le Soudan par exemple, ont été organisés dans le sens vertical semant une confusion culturelle et sociale au sein des ethnies réparties différemment depuis des millénaires. Les guerres civiles actuelles sont les conséquences de ces découpages.
Il faut lire ce livre car il donne espoir et montre qu'une résistance s'organise dans notre société folle qui ne raisonne plus qu'en termes de profit et de croissance. La nature humaine utilisera-t-elle ses meilleurs atouts pour redonner un sens à nos vies d'occidentaux déphasés ?
[Critique publiée le 04/11/09]
P L U S H A U T Q U E M E S R Ê V E S
Nicolas Hulot - 2013
Calmann Lévy - 326 pages
18/20
Un homme engagé sur le défi majeur qui se pose aujourd'hui
Ce livre a été écrit par Nicolas Hulot après son incursion dans la politique. L'écologiste s'est en effet présenté aux primaires du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) en vue de l'élection présidentielle française de 2012.
Voulant faire part de son expérience particulière dans ce monde à part et souhaitant à nouveau marteler ses convictions, il nous livre un texte passionnant découpé en trois grandes parties. La première concerne la politique, la seconde l'extraordinaire aventure télévisuelle des émissions Ushuaïa et enfin la troisième relate son combat au sein de sa Fondation pour la Nature et l'Homme.
Dès la course à la présidentielle de 2007, Hulot menace déjà de se présenter face à l'immobilité des candidats et des partis au sujet de l'écologie. En effet, l'avenir de la planète n'est quasiment pas abordé alors qu'il s'agit pourtant d'un sujet absolument essentiel et majeur. Afin de sensibiliser les postulants à la question, il leur fait signer le Pacte écologique. Seul le Front National n'appose pas sa signature pour la simple et bonne raison que Nicolas Hulot ne souhaite pas discuter avec ce parti d'extrême-droite.
Devant la popularité de l'animateur d'Ushuaïa auprès du public et donc des électeurs, chaque candidat essaye de s'afficher avec lui autant que possible. Ainsi, Nicolas Sarkozy souhaite rencontrer l'instigateur du Pacte écologique chez lui à Saint-Lunaire. Ce dernier refuse, brandissant son indépendance totale, ce qui conduit le futur président à modifier à la dernière minute son programme pour finalement visiter le CROSS Corsen de Plouarzel dans le Nord-Finistère. C'est à cette occasion qu'il dira la fameuse phrase : « Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! »
En 2007, à titre personnel l'écologiste vote pour Jean-Luc Mélenchon qui est le seul candidat à proposer une transition écologique majeure dans son programme.
Cinq années plus tard, en 2012, Nicolas Hulot décide de se lancer dans l'aventure de la présidentielle. Il commence par participer aux primaires du parti EELV.
Le livre revient longuement sur cette incursion dans le monde de la politique. Eva Joly remporte finalement les primaires après d'âpres combats au sein du parti.
L'animateur, quant à lui, quitte l'univers de la politique après cette déconvenue et surtout la découverte des coups bas et petites guerres intestines au sein d'une même famille politique. Alors que ce parti défend une cause plus que noble touchant à l'avenir de l'espèce humaine sur la planète, les caciques et adhérents du parti ne sont pas capables d'avoir une vision commune sur le futur même de leur formation... Comme bien souvent en politique, chacun pense à son statut, sa nomination ici ou là, ses indemnités. Bref, même des élèves de maternelle ne sont pas aussi calculateurs.
Dégoûté par son essai infructueux, Nicolas Hulot reprend alors avec plaisir le goût de l'indépendance et de la liberté la plus totale.
Quelques anecdotes politiques croustillantes viennent émailler la lecture de ces chroniques.
Le créateur d'Ushuaïa se sent plus à l'aise avec les requins blancs de l'Afrique du Sud qu'avec ceux qui louvoient dans les cénacles des assemblées ou les palais ministériels. Nicolas Sarkozy, par exemple, l'a à plusieurs reprises reçu à l'Elysée après son élection en 2007. Chaque entrevue démarrait par une longue autosatisfaction du chef d'État où il tentait de démontrer à quel point il était devenu indispensable pour résoudre les problèmes du monde. Il poursuivait par une critique de différentes personnalités avant de finalement écouter son interlocuteur.
Jacques Chirac, que Hulot a également souvent côtoyé, ne critiquait pas ses amis ou ennemis politiques et restait ainsi bien plus courtois et apaisé. Quant à François Mitterrand, il a toujours snobé l'écologiste...
En politique, Hulot apprécie entre autres Michel Rocard - interlocuteur majeur dans la mise en place du protocole qui a permis de sanctuariser l'Antarctique en 1991 - ou Michel Barnier. Kouchner, enfin, n'a jamais compris réellement le lien indicible qui fait que les guerres ont souvent pour origine première des changements climatiques (c'est le cas du Darfour par exemple).
Le célèbre journaliste revient dans la seconde partie du livre sur son histoire personnelle et les drames qui ont frappé sa famille.
Aucun secret n'est ici révélé puisque ces événements ont déjà été amplement abordés dans ses précédents ouvrages : la découverte, un soir de Noël, de son frère qui s'est suicidé dans la cave, les problèmes d'alcool du père et le courage de la mère qui a toujours fait face malgré la difficulté.
Il relate ensuite son ascension dans l'univers du journalisme après quelques mois en médecine, un choix qui s'avéra bien trop sage pour lui qui voulait rompre avec le conformisme de la famille. Sans connaissance technique ni géopolitique, il se lance ainsi dans l'aventure du reportage avec un petit appareil photo. La guerre en Rhodésie et un tremblement de terre au Guatemala sont ses premiers grands sujets pour la prestigieuse agence Sipa.
Il se consacre ensuite aux défis sportifs en se mettant lui-même en scène dans une émission en direct sur France Inter durant dix ans.
Une part de chance, quelques bonnes rencontres et une prise de risque suffisante lui ont permis de construire une carrière exceptionnelle. Il fait en effet aujourd'hui partie des très rares personnes à avoir vu autant de merveilles sur notre planète...
Sa volonté de faire partager tous ces trésors est née de sa prise de conscience de la fragilité de la Terre. Pour Nicolas Hulot, montrer la beauté du monde est un moyen de sensibiliser le plus grand nombre à sa préservation.
Ses émissions les plus célèbres restent Ushuaïa et Ushuaïa Nature . Le lecteur plonge avec plaisir dans les coulisses de ces productions incroyables qui restent aujourd'hui des références en matière télévisuelle. Ainsi, derrière la caméra, il y a d'autres aventures que le téléspectateur ne voit pas toujours à l'écran.
En amont des images finales présentées, certains animaux sont par exemple difficiles à rencontrer. C'est le cas des narvals qui sont extrêmement bien cachés dans les mers froides de l'Arctique, ce qui contribue au mystère entourant ces animaux munis d'une impressionnante dent pouvant atteindre trois mètres... Croiser une loutre géante n'est pas une mince affaire non plus et la chance a souvent souri à Nicolas Hulot pour fixer sur pellicule de si grands moments.
Mais l'une de ses plus grandes émotions demeure sa rencontre nez à nez avec une baleine à bosse, raison pour laquelle il arbore depuis une nageoire dorsale en guise de pendentif.
Quant au grand requin blanc d'Afrique du Sud, le lecteur ne peut que rester pantois devant les détails de ses nombreuses plongées avec un tel mastodonte. Ses premières rencontres se firent à l'abri dans une cage de protection. Plus tard, avec son ami biologiste et photographe Laurent Ballesta, Nicolas Hulot plongera sans cage lors de la migration des sardines au large de l'Afrique où un immense festin réunit une multitude d'animaux : les fous de bassan qui plongent comme des torpilles, les baleines, les requins blancs, les requins-bouledogues et autres espèces qui sont pris d'une frénésie indescriptible devant ce garde-manger inespéré.
Sous l'eau, relate l'aventurier, il faut toujours se positionner face au requin, le regarder dans les yeux et rester très calme dans les mouvements. La remontée est le moment le plus délicat car les battements de jambes sont un signal stimulant pour le requin. Voilà pourquoi les attaques concernent toujours les nageurs ou surfeurs et non les plongeurs.
Bon à savoir : le requin blanc, lorsqu'il charge, sort sa seconde rangée de dents internes et ses yeux se révulsent !
Au fil des pages, Hulot nous parle aussi de ses compagnons d'aventure : Philippe de Dieuleveult par exemple (je me rappelle l'avoir vu petit atterrir au Guilvinec avec son hélicoptère dans le cadre de son émission culte La Chasse aux trésors), avec qui il devait normalement descendre le fleuve Zaïre en pirogue ce fameux 6 août 1985, date à laquelle lui et ses co-équipiers ont disparu.
Gérard Feldzer est aussi de la partie. Les deux hommes ont très souvent testé toutes sortes d'engins volants ensemble. Sur un vol commercial piloté par Gérard sur lequel se trouvait par hasard Nicolas, ils ont même été les victimes directes d'une violente prise d'otage par un homme qui avait pris d'assaut le cockpit !
De nombreuses fois, l'animateur a vraiment failli perdre la vie. En Russie ou en Afrique, lui et son équipe ont souvent volé à bord de coucous très douteux. Bien que l'équipe d'Ushuaïa ne lésinait pas sur la sécurité, elle devait parfois faire confiance à la logistique mise en place par les autorités locales pour les besoins des tournages...
Privilège suprême, Nicolas Hulot a aussi eu la chance de rencontrer son héros : Nelson Mandela, chantre de la lutte contre l'Apartheid. Il a croisé Madiba à deux reprises grâce à Jacques Chirac et a d'ailleurs prénommé son fils Nelson en hommage.
La dernière partie du livre relate le combat qu'a mené Nicolas Hulot en tant qu'ambassadeur pour l'environnement auprès du Président Hollande entre 2012 et 2016.
Depuis son cocon familial, constitué de femme et enfants et situé à Saint-Lunaire en Ille-et-Vilaine, l'écologiste a parcouru non plus forêts et océans mais bureaux, hôtels, salles de conférences pour alerter et chercher les modèles qui marchent (comme celui du Costa Rica par exemple).
Il milite également activement à travers sa fondation et ne cesse de dénoncer avec fermeté l'ultra-libéralisme des sociétés modernes et la nécessité immédiate de changer nos modèles occidentaux en profondeur.
À ceux qui pensent qu'il se fatigue peut-être pour rien, il ne peut se résigner à sombrer dans le fatalisme et rester les bras croisés en se demandant de quelle planète disposeront nos enfants. En accord avec la philosophie de Pierre Rabhi, il joue son rôle de colibri !
La tournure générale que prennent les choses depuis plusieurs années pousse au pessimisme. Au sujet du climat par exemple, il est devenu inconcevable de penser que des individus se rangent encore dans le camp des climato-sceptiques ! La crise migratoire européenne de 2015 trouve en partie ses racines dans le réchauffement climatique qui a poussé des populations paysannes à rejoindre les villes syriennes. Cette première grande vague de réfugiés donne malheureusement un avant-goût des événements à venir.
Chaque geste compte et des millions de changements de comportement peuvent avoir un impact considérable. Il ne faut donc pas se résigner et faire au moins sa part...
[Critique publiée le 19/11/16]
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